Événement acteur citoyen et créateur d’engagement positif

L’organisation de nos villes raconte ce que nous sommes, comment nous partageons notre espace et quel citoyen nous construisons pour demain. Paris Expo Porte de Versailles est un site en pleine transformation, terrain d’expérimentation de nouveaux modèles, ce dernier illustre certaines mutations à l’œuvre au sein de la filière événementielle.

Un parc d’expositions est en réalité une ville dans la ville et représente ainsi une mise en abyme de ce qui « fait » société. Il existe ainsi une structure politico-administrative régissant un territoire de plusieurs milliers d’hectares articulée autour de plusieurs piliers organisationnels : la maintenance des infrastructures, la logistique, la sécurité/sûreté… Cette gouvernance urbaine existe avant tout au service des citoyens devenus visiteurs pour l’événement.

Au-delà de la dimension structurelle, un site d’accueil d’événements façonne un espace social, culturel et économique. Le sociologue Georg Simmel disait : « il n’existe pas une société, mais un ensemble de types d’interactions qui définissent la cohérence des groupes ». Les événements fédèrent par essence la rencontre entre individus et deviennent ainsi : un pollinisateur social. Cette ville, à petite échelle que représente un parc d’exposition, bâtit dès lors une architecture du collectif vecteur de cohésion sociale où se rencontrent différentes communautés – gamers, modeux, gastronomes, nerd… L’ensemble de ces communautés cohabitent, voire même, dans certains cas, coopèrent pour créer de la valeur.

La dimension culturelle prend également toute son importance pour créer une ville durable, résiliente et inclusive. Paris Expo Porte de Versailles n’est plus seulement le carrefour des rencontres professionnelles, ce dernier se transforme progressivement en espace culturel. À l’instar des tiers-lieux, plusieurs espaces s’entremêlent au sein du parc – des restaurants, des hôtels, une ferme urbaine de 14 000m2, un accélérateur de startups, un espace de coworking – pour créer un lieu de vie ayant un impact territorial et touristique fort. Plus largement, les voyageurs d’affaires ne sont plus dans une logique de picorage sur une unité de temps et d’espace déterminé pour après repartir. Le digital a éclaté les repères spatiaux temporels, la puissance de l’expérience transformationnelle grignote du terrain.

Enfin, en toile de fond, de nouvelles économies émergent ces dernières années comme celle de l’économie de la connaissance. Les événements sont avant tout des passeurs de savoir. Finalement, les événements organisés au sein du parc ne représenteraient-ils pas l’école au milieu du village ? « Depuis plus d’un siècle et demi, les congrès contribuent à la configuration des sciences, les foires et salons à l’entrée des innovations dans la société ». Marc Halpert, directeur de l’ingénierie culturelle de Cap Sciences. Avec la mise en plateforme des relations qu’elles soient physiques ou virtuelles l’enjeu de « faire » connaissance est et sera central. Les sites d’accueil d’événement devront sans doute réfléchir à de nouveaux relais de croissance comme celle de la connaissance qui a comme particularité d’être une économie de l’immatérielle et par-delà infinie. Contrairement, à l’approche traditionnelle centrée sur les facteurs de production possédant de fait des ressources limités. Le capital-savoir prend de la valeur. Le lancement, il y a quelques mois, par l’organisateur Maison&Objet de sa chaîne de streaming « Maison&Objet Academy » ayant pour objectif d’informer, former et inspirer les professionnels de la décoration et du design, illustre concrètement que la connaissance trouve son modèle et dynamise un marché.

Le parc, tout comme la ville, est un terrain de jeu, un laboratoire d’expérimentation permettant d’innover, de tester, de diversifier et de disrupter les modèles existants. Les effets de vide causés par la crise ont accéléré la mutation des espaces et les questionnements associés pour prendre le contrepied et rendre ce vide fertile. La transformation numérique, sociale et culturelle des événements au service du bien commun seront le liant pour construire collectivement un événement durable.

Jeanne Choffé, Responsable French Event Booster, plateforme d’innovation dédiée aux acteurs du secteur événementiel.

• Le cahier de décryptage de l’innovatoire
• Max Weber : La ville
• Georg Simmel : Les grandes villes et la vie de l’esprit
• Idriss Aberkane : Economie de la connaissance
• Article innovatoire de Marc Halpert